Mes histoires commencent souvent par un téléphone qui sonne.
Cette fois, il a sonné pour une aventure saugrenue:
monter la pièce de théâtre d'un ministre en moins de 15 jours pour une manifestation publique en marge de la Cop21!
Je l'ai fait.
Moi et une troupe de saltimbanques déjantés qui ont le plaisir immense d'être des amis. Enfin, je crois!
Nous avons joué à l'Hotel de l'Industrie à Saint-Germain des Près invités par le LAB (Land of African Buisness) puis au Pavillon Afrique, dans l'antre du Bourget.
Une expérience intéressante avec des plus et des moins.
Un mélange de sentiments étranges.
C'est comme présenter une pièce de théâtre classique en plein milieu d'un marché de fruits et légumes à des clients pressés en plein dilemme:
"5 € le kilos? Vous avez des patates? Oooh une troupe de théâtre!"
Je l'ai fait.
Moi et une troupe de saltimbanques déjantés qui ont le plaisir immense d'être des amis. Enfin, je crois!
Nous avons joué à l'Hotel de l'Industrie à Saint-Germain des Près invités par le LAB (Land of African Buisness) puis au Pavillon Afrique, dans l'antre du Bourget.
Une expérience intéressante avec des plus et des moins.
Etre invitée à la COP21
Un mélange de sentiments étranges.
C'est comme présenter une pièce de théâtre classique en plein milieu d'un marché de fruits et légumes à des clients pressés en plein dilemme:
"5 € le kilos? Vous avez des patates? Oooh une troupe de théâtre!"
Imaginez...
Déclamer des poèmes dans le hall d'entrée d'une foire internationale avec autour de vous, des touristes multilingues qui vous font de grands sourires sans comprendre un seul mot de ce que vous dites!
Dur dur et drôle à la fois.
"- Hello, what is it? It looks like a play! Me demande un monsieur au moment où je m'apprête à remonter sur scène. "Yes it is." lui dis-je avec mon meilleur sourire! "Oh! Fantastic! And what is it about?"
Déclamer des poèmes dans le hall d'entrée d'une foire internationale avec autour de vous, des touristes multilingues qui vous font de grands sourires sans comprendre un seul mot de ce que vous dites!
Dur dur et drôle à la fois.
Le côté négatif: les déambulations, les bruits incessants des visiteurs curieux qui au sortir d'une réunion, profitent de leur pause pour se raconter leur vie, vous sourient, s'arrêtent le temps d'une phrase, viennent s'asseoir entre deux conférences, repartent puis réapparaissent, un casse-croûte ou un café à la main, l'air ravi ou interloqué, viennent vous poser des questions dans le petit bureau partagé, transformé pour l'occasion en loges désuètes! La rançon de la gloire! Hahahaha!
"- Hello, what is it? It looks like a play! Me demande un monsieur au moment où je m'apprête à remonter sur scène. "Yes it is." lui dis-je avec mon meilleur sourire! "Oh! Fantastic! And what is it about?"
C'est là que ça se corse: entretenir une conversation dans une langue étrangère alors que vous êtes sur le point de rater votre entrée et que le sujet, s'il vous plaît, n'est pas des moindres! Et bien, on sourit à nouveau, l'air de rien, on lâche deux trois mots pour la bienséance et on donne rendez-vous à l'issue de la pièce! ça tombe bien, un cocktail nous attend tous. Belle marée humaine.
Comment j'ai rencontré monsieur le ministre.
C'est tout simplement par l'entremise d'une connaissance qui s'était insérée dans mon carnet d'adresse quelques mois plus tôt.
Nous l'appellerons X, Monsieur X.
Monsieur X est journaliste, écrivain, pasteur et président de diverses associations culturelles. Homme de contact, il a une certaine éloquence qui le rend crédible et semble tenir à coeur la noble mission, fédératrice, de mettre en corrélation différents acteurs culturels de la diaspora.
Monsieur X est journaliste, écrivain, pasteur et président de diverses associations culturelles. Homme de contact, il a une certaine éloquence qui le rend crédible et semble tenir à coeur la noble mission, fédératrice, de mettre en corrélation différents acteurs culturels de la diaspora.
J'ai rencontré le ministre l'an dernier. Un samedi, au mois d'août. J'étais en vacances à Brazzaville où je venais de participer à un festival.
Ce jour là, je portais une robe noire. Un peu comme une robe de secrétaire. Une coupe droite et prêt du corps. Jeune femme distinguée, mais pas trop, dynamique, classe et classique à la fois. Des chaussures ouvertes aux talons aiguilles relativement larges. Pas très hauts. J'etais l'extrême opposée de Madame X, femme de Monsieur X, qui avait plutôt opté pour un joli boubou en pagne traditionnel, et faisait couleur locale. Je me suis dit: "mauvais point cocotte! ça va encore faire "la petite européenne noire qui revient de France et qu'on prend pour une bountie!" (Bounty: vous ne connaissez pas ce terme? C'est comme cela que certaines mauvaises langues -jalouses très certainement- m'appelaient au lycée! Bounty, comme la célèbre marque de chocolat, noir à l'extérieur, blanc à l'intérieur! Quelle aberration! Surtout quand ces mauvaises langues ont la peau aussi noire que vous! Mais c'est un autre propos!) Revenons, si vous le voulez bien.
Quelque peu décontenancée, je tente une approche pour sonder l'état d'esprit de Madame X : des mots de femmes, je complimente sa tenue et elle me répond (presque comme une excuse) qu'elle a dû mettre "ça" à cause, je crois, d'une tenue tâchée? J'ai retenu qu'elle aurait mit autre chose, si elle avait eu le choix, une tenue plus classique, à 'l'occidentale"! Cela m'a suffit pour me sentir un peu plus en confiance. no stress, droite sur mes deux souliers.
Quelque peu décontenancée, je tente une approche pour sonder l'état d'esprit de Madame X : des mots de femmes, je complimente sa tenue et elle me répond (presque comme une excuse) qu'elle a dû mettre "ça" à cause, je crois, d'une tenue tâchée? J'ai retenu qu'elle aurait mit autre chose, si elle avait eu le choix, une tenue plus classique, à 'l'occidentale"! Cela m'a suffit pour me sentir un peu plus en confiance. no stress
Nous nous sommes rendu chez monsieur le ministre et avons déjeuné à sa table. C'était dans l'après midi. Nous lui avons pris à peu près deux heures de son temps. Ou un peu plus peut-être.
La conversation tournait principalement autour de ses œuvres. Je lui ai dis avoir lu Morgane, l'une de ses premières pièces de théâtre, et ne pas avoir apprécié la lecture. Il n'a pas sourcillé et n'a pas paru vexé. "Ah bon?" a-t-il simplement rétorqué, amusé et surpris par l'audace.
Il y avait à notre table, en plus de Monsieur X et de sa famille, un jeune homme qui paraissait être un neveu ou un cousin de notre hôte et qui semblait vivre là, dans sa grande villa 5 étoiles. Il y avait aussi un couple que l'on ne nous a jamais présenté, qui ne parlait pas ou très peu. Dehors, dans le jardin, étaient posées les unes à côté des autres, un nombre incalculable de chaises. Et sur ces chaises des doléances. Hommes, femmes avec des mines déconfites qui n'en finissaient pas d'attendre d'être reçus pour pouvoir exposer leurs problèmes au roi! Tout un système.
J'étais assise en bout de table, face à Madame X, son Excellence à ma droite.
Je me souviens de la chair tendre du crocodile que j'ai goûté pour la première fois. J'étais fascinée. Manger de cet animal ne me serait jamais venu à l'idée! (Cela dit, s'extasier devant un plat quelque peu exotique est d'un banal! S'extasie-t-on devant des moules? Et pourtant!)
Nous avons bu. Du Campec. Goûté, tout du moins. Mais pas monsieur X, non. Pasteur-Monsieur X ne boit pas. Ni sa femme. Ni ses enfants. Trop jeunes. Beaucoup trop jeunes pour boire ce genre de choses. Le Campec? Il faut avoir le palais sacrément aiguisé pour apprécier la mixture. C'est en effet, une association de deux boissons: le vin de palme traditionnel (que j'ai goûté pour la première fois l'an dernier, aux abords du fleuve Congo et que je trouve horriblement infecte! Que les puristes me pardonnent mais l'odeur de fermentation est beaucoup trop forte! Était-ce une mauvaise cuvée? Je tenterais un millésime au prochain séjour.) Vin de palme donc et Campari. Je ne ne suis pas fan non plus de ce deuxième breuvage.
Je ne connaissais Monsieur X que depuis peu, suite à un article qu'il avait écrit sur moi l'année précédente et qui lui a valu toute ma reconnaissance à bien des égards. Depuis peu donc. Un an à tout cassé. Mais sa proposition de mettre en scène une des pièce de ce personnage politique dont je n'avais jamais entendu parlé et qui, de par son allure simple, sa stature et son extrême douceur contrastait complètement avec l'idée que j'avais des hommes de pouvoir, hautains, machos, pompeux et détestables. Pour la plupart.
J'ai vu un homme simple et courtois. D'un certain âge, avec une âme d'enfant car lorsqu'il vous parle de ce qu'il écrit, il a les yeux qui brillent comme un enfant et le sourire affable. Ce qu'est véritablement cet homme ou ce qu'il fait ne concerne pas mon travail. Demande-t-on à un boulanger de filtrer ses clients? J'étudie toutes les propositions des auteurs que je rencontre et quand l'aventure en vaut le coup, j'embarque mon équipe toujours prête pour le voyage. Ce n'est pas sa casquette de ministre qui importe à ce moment là, bien qu'impressionnante. Ce n'est pas l'homme non plus ni ce qu'on dit de lui. C'est l'auteur. Il y a certaines de ces pièces que je ne jouerais pas parce qu'elles ne me plaisent pas. Les Bruits de Couloirs est l'une des mieux réussi.
Je lui ai soumis mes idées, parmi lesquelles: ouvrir la pièce à la diversité ethnique! Je dis Ethnique avec un grand E, au sens large du terme. L'universalité. Blancs, Noirs, Jaunes... Emballé par ma vision contemporaine de son texte, le contrat moral était signé avant même que mes pensées n'effleurent l'ombre d'un Ave Maria. Dès la fin du déjeuner, je lui ai tendu ma carte, il m'a tendu la sienne et je suis devenue une collaboratrice attitrée.
La vie a parfois une façon étrange de vous mener par le bout du nez. Être au bon endroit, au bon moment et se laisser porter par ce que vous savez faire le mieux.
Alors nous avons joué.
Et nous nous sommes amusés.
Et nous avons amusé le public.
A guichet fermé.
COP21 Paris 2015 Bourget
|
Photos souvenirs |
SnapShot!
Résumé de la pièce en trois phrases:
Le chef Kamona règne sans partage sur le village Mbala, exploitant à outrance le bois pour ses besoins personnels. Quand un agent forestier affecté à la sensibilisation des populations et au respect de la loi tente de le résonner, il le chasse du territoire. Mais que feront les villageois face à l'érosion, la sécheresse et la famine qui les guettent?
En une phrase: Le cri de la forêt est une comédie pédagogique tout public sur les changements climatiques liés à la déforestation.
En une phrase: Le cri de la forêt est une comédie pédagogique tout public sur les changements climatiques liés à la déforestation.
Images d'archives, cliquez pour agrandir
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour ton commentaire! A bientôt!