Sous les décombres d'Haïti

Nous sommes le 12 janvier 2015.

Il y a 5 ans, jour pour jour, mon téléphone sonne. Ma mère en larme. « J’ai perdu des collègues dont deux m’étaient si proches… »

L’un d’entre eux s’appelait Emmanuel Réjouis, il était franco-haïtien et son histoire m’a particulièrement bouleversé car il a perdu la vie en sauvant celle de sa fille de 2 ans. Les secours l’ont retrouvé en boule, recroquevillé sur sa fille comme pour faire barrage quand le toit s’est effondré. Il n’a malheureusement pas pu sauver ses deux autres enfants (Koffi & Zanzie de 4 et 6 ans retrouvés morts eux-aussi sous les décombres.) La petite en est sortie indemne (un pied brisé mais en vie dans les bras de son père qui ne l’était plus). La maman qui rentrait du boulot était encore sur la route
quand le malheur s'est produit. Aujourd’hui, en appelant ma mère, j’ai perçu dans sa voix, la même émotion qu’il y a 5 ans: une blessure toujours vive. 

« Les enfants venaient jouer à la maison, ils étaient si beaux… c’est comme si c’était hier. »

Il y a 5 ans, jour pour jour, à 17h, un terrible drame ravageait Haïti. Un tremblement de terre d’une violence inqualifiable. Magnitude 7 sur l’échelle de Richter. 2 minutes 30 de calvaire infâme. En 150 secondes chrono, à Port-au-Prince, 200 000 personnes ont perdu leur vie et plus d’un million de personnes ont perdu leurs maisons. Aujourd’hui, les dégâts sont toujours là pour témoigner de l’horreur, les plaies toujours ouvertes pour ceux qui ont tout perdu, des membres de leur famille, un toit, une vie. Une population qui semble abandonnée et dont la survie dépendrait des aides gérées par des ONG (dont les Nations Unies) et pourtant 5 ans plus tard, Haïti est toujours dans un état d’urgence. 5 ans après le désastre, on est toujours dans la « non-assistance à personne en danger. » 5 ans après le drame, pensons aux laissés-pour-compte.

Une pensée pour tous nos disparus, ne les oublions pas.